with No Comments

Elle se hisse, Maribor. Perchée au-dessus de la Drava, la rivière céladon. C’est la fin de l’après-midi et le soleil a dardé ses rayons tout le jour. Même la place principale, pastel et pâle, en souffre. Pendant que nous nous éloignons du centre historique, le ciel se couvre peu à peu. Plus nous avançons, plus les immeubles perdent de leur rondeur, de leurs couleurs, de leur volupté. Le rococo est remplacé par l’austérité angulaire du siècle dernier. Singulier que ce changement qui s’accompagne de quelques lourdes gouttes de pluie. On s’abrite devant la vitrine désuète d’une pharmacie déjà fermée. La cadence des quelques passants s’accélère, des mains, un sac, un foulard, mais pas de parapluies, couvrent les têtes. Mais comme toujours cet été, l’averse est de courte durée. Trop courte pour que les platanes, la mousse des interstices, les parterres de géraniums, en profitent vraiment. Elle ne laisse d’odeur qu’une poignée de minutes seulement. Nous rebroussons chemin. La chaleur nous dissuade de gravir l’une des collines qui bordent la ville.

Nous revenons vers la Drava pour y trouver une vieille bâtisse de pierre dont la façade est blanchie d’une épaisse couche de chaux, comme si on avait tenté de dissimuler un secret. L’histoire l’a rendue hybride, tour à tour synagogue, église, entrepôt militaire et aujourd’hui musée, ce dernier révélant enfin l’origine de son identité. Au niveau de la rue, elle se fait modeste et discrète mais depuis la rive, elle s’érige fière, haute, presque antique.

L’été, le temps a beau se paresser, vient le moment d’étancher sa soif. Retour sur Glavni trg, la place principale. On boira d’abord une bière du Suffolk dans un bar dont la devanture arbore le logo d’une fameuse bière tchèque. Puis on mangera à la lueur d’une bougie en regardant des enfants et des moins jeunes traverser en courant la fontaine aux jets d’eau, et rire ! Un groupe de types joyeux s’improviseront camelots et vendront des hot-dogs. Du rock classique sortira parfois à tue-tête des enceintes au pied de leur stand. Des inscriptions orneront leurs t-shirts tous similaires et on essaiera en vain de se figurer la raison de ce métier improvisé.

Sur la route du retour, nous roulerons les fenêtres grandes ouvertes, et l’air noir, un peu frais, aux émanations estivales, s’engouffrera dans la voiture. Le temps d’une fin d’après-midi, on aura oublié le monde.